Présence de cadmium dans le cacao bio : le point de vue d’Encuentro.

 

Il y a quelques jours, l’organisme UFC Que Choisir a diffusé un article sur la présence de cadmium dans le chocolat en insistant sur le bio. Si le sujet du cadmium dans le chocolat et de nombreux autres aliments est bien réel, cet article et ses formulations vont faire beaucoup de mal à la filière cacao en pleine crise et surtout à la filière bio. Des dommages collatéraux qui n’ont peut-être pas été anticipés par l’UFC. 

L’article aurait mérité plus de précisions et de nuances. 

Encuentro décrypte pour vous.

 

Sommaire

  1. Qu'est-ce que le cadmium ?
  2. Notre avis sur cet article : un sujet important mais un article qu’il aurait fallu nuancer et qui ne donne pas sa méthodologie
  3. La certification bio : une garantie qualité supplémentaire
  4. L’analyse du Cadmium dans nos cacaos

 

 

Qu’est que le cadmium ? 

 

Le cadmium est un métal lourd présent en faible quantité dans les sols.

Bien que naturellement présent dans nos sols, son utilisation dans le cadre d’activités agricoles (présence de cadmium dans les engrais phosphatés) a participé à contaminer davantage. Selon un article de l’INRAE, “la principale source anthropique d’apport de cadmium aux sols provient de l’utilisation d’engrais minéraux phosphatés pour l’agriculture”. 

Par extension, le cadmium présent dans les sols est absorbé par les végétaux et contamine ainsi les plantes destinées à l’alimentation humaine et animale : chocolat, mais aussi céréales, pommes de terre, champignons, fruits de mer, algues, et également dans les abats.

Le cadmium est reconnu par l’OMS comme étant cancérogène certain pour l’homme. Il se fixe sur les organes et peut entraîner des problèmes rénaux, osseux ou même des cancers. Mais la dangerosité des aliments contaminés par le cadmium dépend notamment de la quantité ingérée par la population. Comme l’indique l’INRAE : 

Certains aliments, comme les algues, les champignons ou encore les abats, concentrent particulièrement le cadmium. Cependant leur contribution à l’exposition alimentaire totale des individus est faible car ils sont globalement peu consommés. D’autres aliments, comme les céréales (et de ce fait le pain, les pâtes, etc.) ou les pommes de terre présentent une plus faible concentration en cadmium mais étant fortement consommés contribuent davantage à l’exposition de la population au cadmium.

En France et à travers le monde, la teneur en cadmium naturellement présente dans les sols varie en fonction du type de sol et de la manière dont celui-ci s’est développé à travers le temps. En France, par exemple, le cadmium est particulièrement présent dans le Jura, où les sols sont argileux, ainsi qu’au sud du Massif Central et dans les Causses.

En suivant la logique de l'UFC, faut-il donc recommander au consommateur d'éviter tous les produits agricoles français ?!

Carte de la France présentant la teneur en cadmium dans les sols

Comme en France, la présence naturelle de cadmium dans les sols du Pérou change selon les régions. D’après cet article, les fortes concentrations de cadmium dans les sols et les fèves de cacao se trouvent surtout dans le nord du pays, et plus rarement dans quelques zones du centre. 

Ces études nous prouvent donc qu’il est scientifiquement incorrect de pointer du doigt, comme le fait UFC Que Choisir, une région géographique aussi vaste que “l’Amérique latine” pour sa forte teneur en cadmium, au vu des variations existantes sur un même territoire. Cela portera préjudice au producteurs qui sont dans des zones hors de tout risques.

 

 

Notre avis sur cet article : un sujet important mais un article qu’il aurait fallu nuancer 

 

Chez Encuentro, nous savons que bien manger est un véritable enjeu de santé publique. Les lanceurs d’alerte tels que UFC Que Choisir jouent un rôle essentiel pour permettre aux consommateurs d’ouvrir les yeux sur ce qu’ils consomment au quotidien, sur la manière dont les industriels sacrifient parfois la santé du grand public au profit de la rentabilité.


Le cadmium est un produit qui, en quantité supérieure à certains seuils définis, peut être toxique et il faut le surveiller à tout prix et éviter les dérives. C'est un sujet connu et nous veillons à éviter les cacaos à fort taux de cadmium depuis le début d’Encuentro.


Toutefois, dans le monde binaire dans lequel nous évoluons, nous pensons qu’il est parfois essentiel de prendre du recul et de nuancer ses propos pour éviter des emballements inutiles comme ici. Toute la presse nationale a relayé exactement l’article de l’UFC et ce soir la France est inquiète. 


C’est aujourd’hui la critique que nous faisons sur cet article. Il met certes la lumière sur un vrai sujet que nous prenons très au sérieux, mais il pointe maladroitement du doigt toute une filière, des zones géographiques immenses (“L’Amérique latine”), la filière BIO et des entreprises engagée (qui soit dit en passant respectent les normes Européennes en matière de cadmium, ce que l’article ne dit pas).

Beaucoup de lecteurs s'arrêteront à leur introduction et n’y verront que les mots CADMIUM, TOXIQUE, CHOCOLAT, BIO.

Les plus curieux iront jusqu’à la fin et seront amenés directement à ne plus consommer de cacao “d'Amérique latine” et indirectement des marques citées et surtout à éviter le BIO.

Pourquoi avoir dès le début orienté le débat sur le bio avec les titres suivants : "Surtout le bio !", "Le bio sur la sellette ?", alors que ça n'a rien à voir.

Le mal est fait.


Dans leur comparatif,  les produits industriels à plus faible teneur en cadmium le sont parce qu'ils ne contiennent justement que très peu de cacao et beaucoup de sucre, d'additifs et de marketing. Quelle tristesse de les avoir comparés aux produits d'Ethiquable, Alter Eco et autres entreprises engagées, certifiées et dans les normes.

 

L'UFC sait-il que :

  • le % de cacao (qu'ils utilisent comme base de sélection) ne se lit pas simplement et que certaines tablettes de leur panel de comparaison sont bourrées de beurre et d'additifs (Lire notre article ici pour comprendre l'opacité derrière le % de cacao)
  • le Nesquik contient 70% de sucre ? Donc bien peu de cacao... Et donc bien peu de cadmium. CQFD.

La comparaison était biaisée et dirigera maintenant le consommateur vers des produits chocolatés, sucrés, industriels, ultra transformés et à faible traçabilité. Un véritable cadeau pour les multinationales en pleine période de crise du cacao.


En quelques jours, nous avons déjà reçu de très nombreuses questions de clients inquiets sur le cadmium, sur le bio, preuve que l'article n'est pas clair. Nous avons passé du temps à répondre individuellement mais face aux trop grand nombre de messages, nous avons décidé d’écrire cet article.


Les tablettes en tête de leur classement sont-elles dangereuses ? Non à doses modérées, car elles contiennent toutes un taux de cadmium bien en dessous des normes européennes. Ce n’est pas écrit dans l’article.

L'article aurait dû à minima préciser que : 

  • TOUTES les tablettes du classement sont dans les normes. Trois fois en dessous d'ailleurs.
  • d'après leurs analyses, il faudrait manger l'équivalent d'une de ces tablettes par jour, tous les jours, pour passer le seuil maximal.
  • si vous mangez une tablette / jour vous dépasserez également tous les seuils en sucre qui crée d'autres types de maladies graves.

 

Certains cacaos sont véritablement à bannir. C'est un fait connu des fabricants de chocolat comme Encuentro. D’autres vont contribuer plus que d’autres aliments l’atteinte du seuil maximum journalier conseillé en cadmium. Mais ce classement d'entreprise était inutile ici et il va leur faire beaucoup de mal.


Les vrais sujets n’étaient-ils pas plutôt  : “Quels sont les aliments qui contiennent le plus cadmium, comment les connaitre et comment les consommer ?

Un classement de types de produits aurait alors été très intéressant (tablettes noires, lait, poudres, biscuits, etc).

Ou alors pour aller plus loin sur le plan journalistique :  “Est-ce que les normes européennes sont suffisantes en matière de cadmium ?”


L’UFC porte ici un coup violent, sans distinction, à plusieurs filières et plusieurs entreprises engagées. L’article tente ensuite de nuancer mais il manque son objectif. Il va faire beaucoup de dommages collatéraux et diriger les consommateurs vers des produits industriels très transformés...Sans doute eux aussi dénoncés dans d’autres articles qu’ils ont écrits.


Le serpent qui se mord la queue.

 

La certification bio : une garantie qualité supplémentaire

 

Depuis nos débuts, chez Encuentro, nous avons fait le choix rare d’être certifié BIO et donc de travailler avec des producteurs de cacaos n’utilisant pas de pesticides.

Nous avons fait ce choix pour plusieurs raisons : 

  • La certification bio est une “certification” et non un label. Elle est encadrée par des normes nationales et internationales et seules quelques entreprises indépendantes sont assermentées pour mener ces audits. Elle a une valeur juridique et contractuelle forte. Les labels sont libres d’être définis par l’organisme qui le crée (association, entreprise).
  • Les cacaos certifiés bio sont donc soumis à une réglementation extrêmement stricte qui oblige les producteurs à faire analyser leurs lots de manière systématique et à mesurer, entre autres, la présence de pesticides et de métaux lourds dans leurs cacaos (coucou le cadmium).
  • Les cacaos certifiés bio (a minima ceux que nous choisissons pour confectionner nos chocolats) participent tous à améliorer le monde du chocolat. Ils témoignent de l’état d’esprit de leurs producteurs : pas de culture intensive, agroforesterie, préservation des ressources environnantes, pas d’intrants chimiques, juste rémunération des producteurs, pas de travail des enfants ni d’esclavagisme moderne, projet du producteur pérenne.

En plus d’être meilleurs pour la santé, les cacaos bio participent durablement à faire évoluer positivement un marché qui a longtemps été inéquitable. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre article sur la crise du cacao.

Chez Encuentro, l’ensemble de nos fèves de cacao sont testées soit au moment de la récolte, soit à réception en Europe par des organismes certifiés. C’est notamment le cas de Cacao Latitude, notre sourceur de cacao de République Dominicaine et du Pérou, qui effectue des analyses sur l’ensemble des containers qui débarquent en Europe. 

 

 

L’analyse du cadmium dans nos cacaos

 

Avant toute chose, il est important de préciser que de très nombreux aliments du quotidien contiennent du cadmium. L’ANSES rappelle ainsi (article ici) :

"Les aliments qui concentrent le cadmium et ont une teneur élevée sont les crustacés et mollusques, les abats, les biscuits sucrés et salés, ainsi que les barres de céréales et le chocolat. Les aliments les plus contributeurs d’apports en cadmium varient selon les quantités consommées par la population française : le pain, les légumes, les pommes de terre ainsi que les produits qui en contiennent. Les algues ont aussi particulièrement tendance à accumuler cet élément présent dans le milieu marin : près d’un quart des algues destinées à l’alimentation dépassent la valeur de concentration maximale recommandée".

Le Règlement (UE) n°488/2014 de la Commission du 12 mai 2014, limite la teneur maximale en cadmium à 0,8 mg/kg pour du chocolat noir contenant plus de 50% de cacao.

Depuis 8 ans, tous nos cacaos sont analysés (pesticides, cadmium) et nous pouvons vous dire que les teneurs de cadmium de nos cacaos sont toutes largement en dessous du seuil maximal imposé par la réglementation.

 

Nous disposons systématiquement de toutes les analyses chez nous et nous pouvons vous les partager avec plaisir et transparence ;)

***

 

Pour conclure, traçabilité et transparence sont au cœur de notre mission avec Encuentro. La certification bio est un véritable engagement. La démarche bean to bar redonne du sens à la filière cacao. Notre proximité avec les producteurs est réelle et sincère. Alors lorsqu’il s’agit de vous éclairer sur le contenu de nos tablettes, vous savez que vous pouvez compter sur nous. N’hésitez pas à nous contacter.

Si savoir ce que l’on mange est essentiel, le plaisir de manger l’est également. Pour se passer de calculs interminables, “le moins mais mieux” reste l’approche la plus stratégique. 

Et on ne vous le répétera jamais assez, prenez le temps de déguster et de savourer chaque carré ! 



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commentaires

  • Merci pour cette excellente contre offensive de l’article UFC.
    Vos chocolats sont tout simplement exceptionnels et je continuerai sans état d’âme à les consommer et les partager autour de moi ….en France et à l’étranger 😅

    Quant à la qualité de la presse grand public
    d’aujourd’hui ,là c’est un autre débat 🥲
    Très bonne rentrée et félicitations pour tous vos projets toujours aussi dynamiques
    À très bientôt
    Sabine Michel

    Michel Sabine le
  • Je vous remercie d’avoir pris le temps et l’énergie pour nous répondre. Je ne doutais pas de la qualité de vos chocolats. J’ai demandé à l’I A pourquoi le chocolat bio est particulièrement montré du doigt, comme réponse, les produits bio d’énergie subissent pas de traitements chimiques pour éliminer les contaminants,ce qui peut signifier que le cadmium présent dans les sols est plus facilement absorbé par les plantes .

    Alexandre Jeanne le
  • Continuez comme vous faites, tout est délicieux, nous sommes devenus ecuentroman:)
    Nous rentrons début septembre et comptons bien foncer chez vous !!

    Moretti le
  • J’ai pris connaissance de votre article, ignorant jusqu’alors cette campagne à propos du cadmium. Je considère votre démarche, comme honnête et pédagogique, vous avez bien raison de défendre les acteurs d’une filière que vous connaissez bien et qui contribuent à la qualité de vos produits. J’espère que vos clients sauront nuancer la portée de cette étude.

    Petit Eric le
  • “les normes Européennes en matière de cadmium”, quelles sont ces normes et quelles sont vos résultats ? Pour le moment,j’ai arreté de manger du chocolat et pourtant hyper gourmand …

    fourquet le
  • Merci beaucoup pour ces explications très claires
    En aucun cas je ne doutais de la qualité de vos produits je resterais votre cliente

    Soulary Helene le

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